Vous pouvez revendre une œuvre d’art achetée en ligne si vous cédez l’exemplaire physique, sans reproduction, en respectant le droit d’auteur et en conservant vos preuves d’achat. Selon le mode de revente, le droit de suite et une fiscalité spécifique peuvent s’appliquer. Découvrez dans cet article les meilleurs moyens pour revendre une œuvre achetée en ligne en toute sécurité et conformité.

Le principe : la revente d’un exemplaire matériel est légale

En France (et UE), une fois qu’un exemplaire matériel d’une œuvre a été vendu avec l’accord de l’auteur (ou ayants droit), le droit de distribution est “épuisé” : vous pouvez revendre cet exemplaire librement dans l’EEE (tableau, sculpture, tirage numéroté, etc.).

Concrètement

Vous avez acheté en ligne un tableau original, une photographie signée ou un tirage limité : vous pouvez revendre cet objet.
Cette liberté ne couvre pas la reproduction (copies, scans, impressions) ni la transformation de l’œuvre.

Attention : ce que vous ne pouvez pas faire

Pas de reproduction (publication d’images HD, impression de copies, produits dérivés) sans autorisation de l’auteur/ayants droit ; le droit de reproduction et de représentation reste réservé à l’auteur.
Respect du droit moral : mentionner le nom de l’artiste, ne pas dénaturer l’œuvre (pas de modification, recadrage abusif, repeinture, etc.). Le droit moral est perpétuel, inaliénable.
Photos de l’œuvre : vous pouvez illustrer votre annonce avec vos propres photos de l’exemplaire, en citant l’artiste et en évitant les usages portant atteinte au droit moral. (Le photographe qui réalise les images possède aussi ses droits sur la photo.)

Droit de rétractation ≠ revente : le cas du sur-mesure

Le droit de rétractation de 14 jours (vente à distance) est distinct de la revente. Il vous permet parfois de retourner l’œuvre au vendeur initial… sauf exceptions, notamment pour les œuvres personnalisées ou “confectionnées selon vos spécifications”, exclues du droit de rétractation.

Où et comment revendre ses œuvres d’art ?

Lorsque vous souhaitez revendre une œuvre achetée sur internet, plusieurs options s’offrent à vous. Chacune a ses avantages, contraintes et impacts financiers. Voici un panorama complet pour choisir la solution la plus adaptée à votre situation.

Maisons de ventes aux enchères

Principe : Vous confiez votre œuvre à un commissaire-priseur qui l’intègre dans une vente publique. Les acheteurs enchérissent et l’œuvre est adjugée au plus offrant, sous réserve que le prix atteigne ou dépasse la mise à prix fixée.

Avantages :

Visibilité ciblée : les maisons de ventes disposent d’une clientèle d’acheteurs qualifiés, souvent collectionneurs avertis ou investisseurs.
Estimation experte : avant la vente, un expert évalue l’œuvre en fonction de sa cote, de son état, et de la demande actuelle.
Crédibilité : un achat via une maison de ventes inspire confiance à l’acheteur, ce qui peut faire grimper le prix.

Inconvénients :

Frais vendeurs : souvent entre 15 % et 25 % HT du prix de vente.
Délais : il faut parfois attendre plusieurs semaines ou mois avant que la vente ait lieu.
Sélection stricte : certaines maisons n’acceptent que des œuvres d’artistes cotés ou recherchés.

Idéal pour :

Les pièces uniques ou éditions limitées d’artistes reconnus.
Les œuvres dont vous souhaitez tirer un prix de marché transparent.

Bon conseil : Demandez toujours un mandat écrit précisant la mise à prix, les frais, et la date prévue de la vente.

Galeries / dépôt-vente

Principe : Vous confiez l’œuvre à une galerie, qui la met en vente dans son espace physique et/ou en ligne, souvent en dépôt-vente. Elle ne vous paye qu’une fois l’œuvre vendue.

Avantages :

Mise en valeur professionnelle : exposition dans un lieu adapté, avec un accrochage pensé pour séduire l’acheteur.
Ciblage de clientèle : les galeries connaissent leur public et savent à qui proposer l’œuvre.
Argumentaire de vente : le galeriste peut raconter l’histoire de l’œuvre et de l’artiste pour renforcer l’intérêt.

Inconvénients :

Commissions élevées : 20 à 40 % du prix de vente, selon la galerie et les services proposés.
Pas de garantie de vente : une œuvre peut rester en dépôt plusieurs mois sans trouver preneur.
Sélection artistique : seules les œuvres en adéquation avec la ligne artistique de la galerie seront acceptées.

Idéal pour :

Les œuvres d’artistes contemporains représentés par la galerie ou proches de sa ligne curatoriale.
Les pièces qui bénéficient d’une présentation physique pour séduire.

Bon conseil : Privilégiez une galerie ayant déjà vendu des œuvres similaires à la vôtre et exigez un contrat de dépôt clair.

Plateformes spécialisées (second marché)

Principe : Vous proposez l’œuvre via un site internet dédié à la revente d’art (comme Artsper, Artsy, ou des plateformes spécialisées), souvent en passant par un formulaire et un contrôle de conformité (photos, documents).

Avantages :

Audience internationale : visibilité auprès d’acheteurs du monde entier.
Sécurité des transactions : paiement via la plateforme, qui protège vendeur et acheteur.
Logistique possible : certaines plateformes proposent un service de collecte et de livraison sécurisé.

Inconvénients :

Commissions : entre 15 et 25 %, selon les services inclus.
Sélection stricte : seules les œuvres avec facture et certificat d’authenticité, en parfait état, sont acceptées.
Droit de suite : si la plateforme est considérée comme un professionnel, le droit de suite s’applique (voir partie 4).

Idéal pour :

Les œuvres contemporaines ou modernes ayant un marché actif.
Les vendeurs cherchant à toucher un public plus large que leur réseau local.

Conseil : Découvrez notre comparatif des meilleures plateformes de vente d’art en 2025 pour choisir celle qui correspond le mieux à votre profil et à vos œuvres.

Particulier à particulier (P2P)

Principe : Vous vendez directement à un autre particulier, sans passer par un intermédiaire professionnel (galerie, maison de ventes, plateforme pro). Cela peut se faire via une rencontre, un réseau personnel, ou des sites de petites annonces.

Avantages :

Aucune commission intermédiaire : le prix que vous fixez est le prix que vous percevez.
Liberté de négociation : vous adaptez le prix et les conditions de vente selon votre convenance.
Rapidité : pas de calendrier imposé, la vente peut être conclue en quelques jours.

Inconvénients :

Risque d’arnaque : absence de cadre juridique strict si la transaction est mal encadrée.
Moins de visibilité : pas d’accès au réseau ciblé des professionnels.
Gestion logistique : vous devez vous charger de l’emballage, de la livraison ou de la remise en main propre.

Aspects légaux :

C’est légal tant que vous revendez l’exemplaire matériel que vous possédez, sans reproduction.
Pas de droit de suite si aucun intermédiaire professionnel n’intervient.
Documents recommandés : facture initiale, certificat d’authenticité, contrat ou reçu signé par les deux parties.

Idéal pour :

Les ventes rapides, entre passionnés ou connaissances.
Les œuvres de valeur moyenne, ou celles pour lesquelles le marché institutionnel est limité.

Bon conseil : Privilégiez un paiement sécurisé (virement bancaire confirmé ou remise en main propre) et gardez une preuve écrite de la transaction.

Fixer le prix : estimation, cotes, état, édition, provenance

Estimation : comparez ventes récentes, éditions (numéro, tirage total), format, technique, état (rayures, empâtements, encoches), qualité du cadre, provenance. Des experts/commissaires-priseurs peuvent estimer (souvent gratuitement) à partir de bonnes photos.
Édition : un tirage numéroté < 300 exemplaires, signé, conserve mieux sa valeur.
Cotes publiques : privilégiez des références de ventes comparables (même artiste, période, technique, taille).
État de conservation : faites réparer/restaurer avant mise en vente si le défaut impacte fortement la valeur (demandez un devis).